mardi 1 novembre 2016

Bayrou ou le baiser de Judas dont Juppé ne se remettra pas

Article publié le 23 juillet 2015 dans le journal en ligne Boulevard Voltaire

Jy vais ou j'y vais pas ? Bayrou ne rate pas une occasion de vanter les mérites dont il se croit parer. Il est bien le dernier. Notre homme ne se plait que dans les hautes sphères, et pour tout dire, il se rêve en homme providentiel. 
Il leur aura tout fait le Béarnais avec ses ergots à la Chanteclerc et sa tête grosse comme un melon de Cavaillon. Ses modèles ? Henri IV, son compatriote navarrais, dont il a écrit une biographie, de Gaulle, lhomme seul, envers et contre tout, et Mitterrand dont il loue une pugnacité quil espère égaler en se représentant à la Présidentielle. 
Il ira en 2017 si Juppé ne peut se présenter, parce quil se sera fait roulé dans la farine avec des primaires quil ne pourra remporter. Il ira parce quHollande la déçu. Il ira parce quil hait Sarkozy, larriviste bling-bling et inculte, et quil simagine en recours contre Marine Le Pen. Il ira parce quil sy croit, jusqu’à se vanter dune virilité de grand fauve dont Hollande est dépourvu et quil appuie par ses références au Vert galant et à l'élevage de purs sangs dont il occupe ses temps libres.
On chercherait en vain les états de service de M. Bayrou pour justifier une telle vanité : aucuns grands faits darme ou accomplissements majeurs ; ministre de l’éducation ne sessayant à aucunes réformes, suscitant ni élans ni contestations ; son parti, le Modem, une coquille vide qui a dynamité lespace politique que Giscard ou Balladur avaien réussi à fédérer. 
Pusillanime et accommodant, déloyal et changeant, européaniste et humanitariste, Bayrou incarne les pires défauts des ventres-mous du centre. Certains crurent en lui en 2007, quand son parler-vrai et sa lucidité (sur la dette, lautorité de l’État ou linsécurité) prirent des accents populistes, au point quon qualifia sa posture dextrême-centre.
Si la division droite-gauche na plus de sens idéologiquement, elle reste un marqueur dappartenance. En France, on déteste les félons qui passent dun camp à lautre. Bayrou avec sa danse du ventre devant Royal en 2007 et son ralliement de 2012 au panache de Hollande a signé pour toujours sa carte de visite, celle de Iago et de Judas, du traître et du vendu. 
Un égo surdimensionné et un narcissisme sans limites, voilà les prérequis de la course présidentielle. Marcel Gauchet le notait déjà en 2007 avec Royal, Sarkozy et Bayrou. Alain de Benoist fait de l’égocentrisme narcissique, stade suprême de lindividualisme, un trait de la postmodernité. Admirez-moi parce que je le vaux bien 
La médiocrité de notre personnel politique se mesure à la piètre qualité des écuries en lice. Des canassons qui se prennent pour des chevaux dobstacle. Des haridelles simaginant à la tête de chars de combat. Des rosses qui se rêvent en étalons. 
Depuis 2012, Bayrou cest Judas. Bayrou et Juppé nayant cessés de se rapprocher, lun pour ladouber dans sa conquête de la mairie de Pau, et lautre pour le soutenir dans les primaires, les électeurs de droite sauront sen souvenir et le leur faire payer.

Le baiser de Judas à Juppé, ce serait comme le signe de laccomplissement de la prophétie, le chant du cygne de la carrière politique du Bordelais, sa mort programmée avant sa réincarnation dans la figure christique du perdant magnifique que lon aime tant en France, de Mendès-France à Rocard, de Barre à Balladur, le sempiternel second, trop modéré pour être convaincant, trop au centre pour peser, et que lon renvoie sine die à ses chères études.   

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