Article publié le 23 juillet 2015 dans le journal en ligne Boulevard Voltaire
J’y vais ou j'y vais pas ? Bayrou ne rate pas une occasion de vanter les mérites dont il se croit parer. Il est bien le dernier. Notre homme ne se plait que dans les hautes sphères, et pour tout dire, il se rêve en homme providentiel.
Il leur aura tout fait le Béarnais avec ses ergots à la Chanteclerc et sa tête grosse comme un melon de Cavaillon. Ses modèles ? Henri IV, son compatriote navarrais, dont il a écrit une biographie, de Gaulle, l’homme seul, envers et contre tout, et Mitterrand dont il loue une pugnacité qu’il espère égaler en se représentant à la Présidentielle.
Il ira en 2017 si Juppé ne peut se présenter, parce qu’il se sera fait roulé dans la farine avec des primaires qu’il ne pourra remporter. Il ira parce qu’Hollande l’a déçu. Il ira parce qu’il hait Sarkozy, l’arriviste bling-bling et inculte, et qu’il s’imagine en recours contre Marine Le Pen. Il ira parce qu’il s’y croit, jusqu’à se vanter d’une virilité de grand fauve dont Hollande est dépourvu et qu’il appuie par ses références au Vert galant et à l'élevage de purs sangs dont il occupe ses temps libres.
On chercherait en vain les états de service de M. Bayrou pour justifier une telle vanité : aucuns grands faits d’arme ou accomplissements majeurs ; ministre de l’éducation ne s’essayant à aucunes réformes, suscitant ni élans ni contestations ; son parti, le Modem, une coquille vide qui a dynamité l’espace politique que Giscard ou Balladur avaien réussi à fédérer.
Pusillanime et accommodant, déloyal et changeant, européaniste et humanitariste, Bayrou incarne les pires défauts des ventres-mous du centre. Certains crurent en lui en 2007, quand son parler-vrai et sa lucidité (sur la dette, l’autorité de l’État ou l’insécurité) prirent des accents populistes, au point qu’on qualifia sa posture d’extrême-centre.
Si la division droite-gauche n’a plus de sens idéologiquement, elle reste un marqueur d’appartenance. En France, on déteste les félons qui passent d’un camp à l’autre. Bayrou avec sa danse du ventre devant Royal en 2007 et son ralliement de 2012 au panache de Hollande a signé pour toujours sa carte de visite, celle de Iago et de Judas, du traître et du vendu.
Un égo surdimensionné et un narcissisme sans limites, voilà les prérequis de la course présidentielle. Marcel Gauchet le notait déjà en 2007 avec Royal, Sarkozy et Bayrou. Alain de Benoist fait de l’égocentrisme narcissique, stade suprême de l’individualisme, un trait de la postmodernité. Admirez-moi parce que je le vaux bien !
La médiocrité de notre personnel politique se mesure à la piètre qualité des écuries en lice. Des canassons qui se prennent pour des chevaux d’obstacle. Des haridelles s’imaginant à la tête de chars de combat. Des rosses qui se rêvent en étalons.
Depuis 2012, Bayrou c’est Judas. Bayrou et Juppé n’ayant cessés de se rapprocher, l’un pour l’adouber dans sa conquête de la mairie de Pau, et l’autre pour le soutenir dans les primaires, les électeurs de droite sauront s’en souvenir et le leur faire payer.
Le baiser de Judas à Juppé, ce serait comme le signe de l’accomplissement de la prophétie, le chant du cygne de la carrière politique du Bordelais, sa mort programmée avant sa réincarnation dans la figure christique du perdant magnifique que l’on aime tant en France, de Mendès-France à Rocard, de Barre à Balladur, le sempiternel second, trop modéré pour être convaincant, trop au centre pour peser, et que l’on renvoie sine die à ses chères études.
Le baiser de Judas à Juppé, ce serait comme le signe de l’accomplissement de la prophétie, le chant du cygne de la carrière politique du Bordelais, sa mort programmée avant sa réincarnation dans la figure christique du perdant magnifique que l’on aime tant en France, de Mendès-France à Rocard, de Barre à Balladur, le sempiternel second, trop modéré pour être convaincant, trop au centre pour peser, et que l’on renvoie sine die à ses chères études.
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