mardi 22 novembre 2016

Florian Philippot: ce souverainiste avec des bottes de gaulliste


Article inédit du 20 octobre 2014 (proposé à Boulevard Voltaire)
Dans la querelle des Le Pen, les médias ont souligné l'importance prise par un personnage qui incarne aussi bien la division familiale que la stratégie nouvelle du FN: Florian Philippot. Énarque, haut fonctionnaire, ex-socialiste chevènementiste, le vice-président du parti n'avait rien pour me séduire, hors son illustration brillante du méritocratisme républicain.
Et puis il y eut le débat face à Manuel Valls où il a crevé l'écran, renvoyant le caudillo de la place Beauvau à ses poses de faux Clemenceau. Les arguments, l'humour et le style, tout y était. Depuis qu'il a abandonné les sirènes chevènementistes, un vrai animal politique nous a été donné.
En France nous avions Chevènement, au Québec ils avaient le Parti québécois (PQ), deux symboles de l'échec du souverainisme de gauche dans un système de frontières ouvertes et sans recours à la préférence nationale. Le fait est quasi passé inaperçu, du fait des municipales en France: le parti québécois a lourdement perdu les dernières élections provinciales, signant la plus cuisante défaite de son histoire, après deux années de pouvoir.
Les exemples chevènementiste et péquiste montrent que le souverainisme de gauche ne fonctionne plus car: 1) il est devenu droits-de-l'hommiste et multiculturaliste: il croit à l'irénisme culturel, à la fraternité universelle, à la possibilité du vivre-ensemble entre des cultures antagonistes, 2) il est resté étatiste et peu favorable aux entreprises, il sombre dans l'assistanat et l'oppression fiscale, et un colbertisme aussi inefficace que couteux.
Philippot incarne le nouveau souverainisme de droite, à la fois national et social, dirigiste, populaire et identitaire, et en fait toute la tradition gaulliste.
Les Européennes ont montré que l'UMP est devenu le centre-droit, ou l'UDF d'autrefois, et le PS, un centre-gauche genre SFIO. La seule alternance idéologique se trouve désormais dans la mouvance souverainiste de droite, républicaine et démocratique, qui fait 30 % des voix (FN, Dupont-Aignan, Boutin), et se pose en héritier de feu le RPF ou le RPR.
Gaullistes, Marine et Jean Marie Le Pen ? Détournement d'héritage et blasphème hurlent les caciques. Mais c'est oublier que le différend entre de Gaulle et la droite nationale fut de peu de choses, qui tint pour l'essentiel au fait que l'homme du 18 juin et du discours d'Alger aura trahi les siens, au nom du réalisme en politique, et de son génie visionnaire.
On a admis, depuis, que le pétainisme a incarné une forme de résistance à l'ennemi, de l'intérieur, comme l'exemple canonique de Mitterrand l'a prouvé, les tenants de la collaboration comme Laval et Doriot se recrutant plutôt à gauche. Et quant à la décolonisation, Algérie comprise, les faits ont montré qu'elle était inéluctable, outre que de Gaulle n'a jamais renié les bienfaits de la présence coloniale.
Signe que nous avons tourné la page du 20e siècle, le FN deviendra le nouveau parti gaullien à condition qu'il restitue l'autorité et l'impartialité de l'Etat, tout en se gardant de l'étatisme inscrit dans l'ADN d'énarque de son vice-président. 

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